
Lorsqu’il existe une « unité de décision », les trésors nationaux ne peuvent pas refuser le statut de groupe, même si son recouvrement fiscal diminue.
Les opérations intragroupe ne sont pas assujetties à la TVA, selon un arrêt récent de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Dans les transactions sur marchandises ou de services entre les différentes unités opérationnelles, il n’est pas nécessaire d’émettre une facture pour ces échanges, à condition que les sociétés aient demandé aux trésors nationaux de pouvoir consolider.
« C’est un régime optionnel qui doit être appliqué » et, d’abord, il faut analyser s’il est comptabilisé ou non, puisque la consolidation n’est pas toujours profitable, explique à Expansión Ludmila Frangu, directrice fiscale du cabinet d’audit et de conseil Bové Montero y Asociados.
Ce que fait la quatrième chambre de la CJUE dans un arrêt récent dans l’affaire C184/23, c’est de préciser que le Fisc ne peut pas refuser ou fractionner la prise en compte du groupe dans les cas où l’application des exonérations entraînerait une diminution de son recouvrement, à condition que les États aient transposé la directive TVA de l’UE.
De cette manière, l’arrêt approuve le fait de considérer comme un assujetti unique, appelé « groupe TVA », l’activité entre filiales d’un même groupe et également entre entités juridiques indépendantes mais solidement liées sur le plan financier, économique et organisationnel.
C’est ce qu’a déclaré la CJUE dans un litige de longue date. Tout a commencé au cours de l’exercice fiscal 2005, lorsqu’une fondation de droit public a appliqué des exonérations sur ses déclarations de TVA que l’administration fiscale allemande (Finanzamt) considérait comme contraires à la loi.
Cette fondation avait pour mission principale la gestion d’une université qui dispose d’un centre de santé. Cette dernière avait pour fournisseur une société du groupe, dont la formule juridique est la plus répandue en Allemagne, une société à responsabilité limitée (GmbH).
But lucratif.
La société mère n’était pas à but lucratif, mais la filiale l’était. Ce dernier était responsable du nettoyage, de la lessive et du transport des patients dans l’établissement d’assistance. Comme il s’agissait d’une transaction entre le groupe, la fondation n’appliquait pas la TVA sur les services fournis par l’entreprise.
Pour le Fisc allemand, les exemptions étaient limitées aux activités « relatives aux fondations ». Et ils ont compris que « les services n’étaient pas assujettis à des primes », car la filiale était « à but lucratif », contrairement à l’entité mère, explique Mme. Frangu.
L’arrêt indique clairement que le critère que les trésors nationaux doivent prendre en compte est qu’elles peuvent consolider les déclarations de TVA « lorsqu’il existe une unité de décision », précise la spécialiste. Ce principe doit toujours être pris en compte, même si une société possède à la fois des unités à but lucratif et des unités à but non lucratif.
Ce que les groupes doivent faire, c’est examiner s’il est intéressant pour eux de consolider la TVA et, si c’est le cas, d’en faire la demande officielle à l’administration fiscale. Il s’agit d’un « régime facultatif », mais, une fois officiellement reconnu, il doit être appliqué en tout temps. L’arrêt confirme un critère que la CJUE a déjà établi dans des arrêts antérieurs (162/07, 141/20, 269/20) et qui s’étend désormais aux différents types de sociétés au sein d’un même groupe.
Système commun.
Frangu précise également que la TVA et l’impôt sur les sociétés sont régis par des règles différentes, ce qui s’étend aux exonérations et aux dégrèvements. En matière de TVA, il convient de tenir compte la directive 2006/112, qui a mis à jour le système commun d’application des surtaxes indirectes, qui a une longue histoire dans l’UE.
La France a été un pionnier dans son introduction, en 1954, puis s’est répandue dans d’autres pays. En 1967, les membres de l’UE ont convenu, dans la directive 67/228/92, de remplacer leurs systèmes nationaux par un cadre commun, qui a été actualisé dans des normes ultérieures.
L’ARRÊT, EN TROIS POINTS ESSENTIELS :
- Les exemptions devraient s’appliquer même si un groupe possède des filiales à but lucratif et non lucratif.
- La décision résout un litige qui a commencé en 2005 entre l’administration fiscale allemande et une fondation.
- Les entreprises doivent demander à l’administration fiscale de consolider la TVA, mais cela n’est pas toujours avantageux pour elles.
Source officielle : Journal Expansión