La TVA est un impôt qui se caractérise par sa neutralité, l’objectif est que la taxe soit supportée par le consommateur final et n’entraîne pas de coût pour les entrepreneurs. Cette neutralité est obtenue par deux mécanismes : la déduction et le remboursement de la taxe.
La controverse réside dans le fait que, alors que les entrepreneurs résidant dans le TAI (territoire d’application de l’impôt) c’est-à-dire : la Péninsule et les Îles Baléares ; ils peuvent récupérer la TVA par le biais des deux mécanismes. Les entrepreneurs ne résidant pas dans le TAI n’ont accès qu’au remboursement. En outre, cette voie est soumise à des exigences matérielles et formelles, soulignant parmi ces dernières l’existence d’un délai d’expiration de neuf mois pour faire la demande de remboursement.
Cette différence de traitement entre entrepreneurs résidents et non-résidents (mais résidents dans l’UE, les îles Canaries, Ceuta et Melilla) a fait l’objet de nombreux jugements. La plus récente, l’arrêt de la Cour suprême STS 3926/2024 du 15 juillet 2024, qui établit des critères en statuant sur une éventuelle violation du droit à la liberté d’établissement et des principes d’égalité fiscale, de non-discrimination et d’équivalence qui peut être impliquée par l’existence d’un délai de prescription de 9 mois pour les entreprises non-résidentes.
La nouvelle approche du pourvoi est remarquable puisque le requérant concentre son argumentation sur le fait que les assujettis résidant dans le TAI disposent d’un délai de quatre ans pour procéder à une déduction ou demander un remboursement de la TVA. Après quoi, s’ils maintiennent le crédit à l’encontre de l’administration, ils ont droit à un nouveau délai de quatre ans pour demander un remboursement. En revanche, les assujettis non-résidents ne peuvent demander le remboursement que jusqu’au 30 septembre de l’année qui suit celle au cours de laquelle ils ont supporté la dette fiscale. Il s’agit d’un délai de forclusion, c’est-à-dire que passé ce délai, le droit au remboursement est perdu.
Malgré ce qui précède, la Cour suprême conclut à l’absence d’une telle violation, confirmant le délai d’expiration de neuf mois. La raison est que les différences de délais pour faire valoir le droit au remboursement ne sont pas fondées sur le fait que le demandeur est étranger ou non, mais selon qu’il réside ou non dans le territoire d’application de l’impôt. (TAI). Il s’agit de deux situations différentes auxquelles il convient d’appliquer des règles différentes, de sorte qu’il n’y a pas de discrimination, sur laquelle se fondent toutes les allégations du requérant. En outre, Il souligne que la CJCE approuve la fixation de délais de forclusion raisonnables dans la poursuite de la sécurité juridique, respectant ainsi le délai prévu par la législation espagnole, délai fixé par la directive applicable en l’espèce.
L’arrêt de la Cour suprême montre clairement l’importance de recourir à des conseils fiscaux de qualité afin de garantir un contrôle strict des délais, car les conséquences de leur non-respect peuvent être graves, comme la perte des remboursements de la TVA acquittée.
Auteur : Montserrat Carol (Conseillère fiscale)