Andreu Bové Boyd
Associé de Bové Montero y Asociados

Une décision récente de la Cour supérieure de justice des îles Baléares établit que les contribuables non-résidents de l’impôt sur la fortune (ISF) peuvent bénéficier de l’application de la limite commune, ce qui pourrait entraîner une réduction de leur facture fiscale.

En règle générale, les personnes physiques résidant en Espagne paient l’impôt sur la fortune sur leur valeur nette mondiale, tandis que les non-résidents ne sont imposés que sur les biens ou les droits situés ou exercés sur le territoire espagnol.

D’autre part, les contribuables résidant en Espagne peuvent réduire leur quota de l’impôt sur la fortune en appliquant la « limite commune » avec l’IRPP. Cette limitation établit que la somme des quotas de l’IRPP et de l’ISF ne doit pas dépasser 60 % des revenus totaux du contribuable. Si cette limite est dépassée, le quota de l’ISF peut être réduit jusqu’à 80 %. L’idée qui sous-tend cette limite commune est que plus les revenus perçus par un contribuable sont faibles, plus le montant de l’ISF à payer est faible.

Les économies fiscales qui peuvent être obtenues en raison de cette limite commune sont si importantes que, avec l’exonération de l’entreprise familiale, sont essentiels pour la planification fiscale des grandes fortunes espagnoles. Et, étant donné que le volume et le type de revenus générés par un contribuable en Espagne peuvent produire des économies directes dans l’ISF, il est fondamental de bien connaître les conséquences fiscales liées à certains investissements et ainsi parvenir à une structure d’actifs fiscalement efficace.

Cependant, comme nous l’avons dit, tous les contribuables ne peuvent pas appliquer la limite commune et réduire ainsi leur quota de l’ISF. Conformément à la règlementation, les contribuables non-résidents en Espagne ne peuvent pas bénéficier de la limite commune et, par conséquent, leurs quotas de l’ISF ne peuvent pas être réduits en fonction des revenus du contribuable.

La Cour supérieure de justice des îles Baléares a confirmé dans son arrêt du 1 février 2023 que cette situation est arbitraire, discriminatoire et contraire aux principes fondamentaux de l’Union européenne et, par conséquent, a déclaré que les non-résidents peuvent également bénéficier de cette limite.

Bien que nous devions être prudents et attendre que la Cour suprême se prononce sur cette question, la décision de la Cour supérieure de justice des îles Baléares ouvre la voie aux contribuables non-résidents pour envisager de contester leurs autocotisations de l’ISF pour les exercices non prescrits et demander le remboursement des revenus indus ainsi que les intérêts de retard correspondants.

Il s’agit d’un autre soutien de la Cour supérieure de justice des îles Baléares en faveur des contribuables non-résidents, puisqu’en 2019 elle s’est prononcée en sa faveur par rapport à la possession indirecte de biens immobiliers et à sa fiscalité à l’ISF.

Cet arrêt montre à nouveau que le système fiscal espagnol comporte encore de nombreuses règles discriminatoires et contraires à notre droit communautaire. C’est une bonne nouvelle que notre système judiciaire corrige ces situations et nous espérons qu’il continuera dans cette voie de correction des dysfonctionnements de notre système.

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