Le travail à distance et la mobilité mondiale génèrent des maux de tête dans les départements financiers et sociaux au sein des entreprises. Pour des raisons personnelles ou professionnelles, les entreprises déplacent certains employés à l’étranger ou recrutent directement ces profils dans ledit territoire. Ces employés peuvent effectuer toutes sortes de tâches, du marketing et des fonctions commerciales au développement de logiciels, en passant par la gestion des principaux services ou entreprises, entre autres exemples.
Afin d’économiser sur les coûts structurels ou administratifs, dans les situations décrites, les entreprises choisissent souvent d’établir une filiale ou une succursale en Espagne.
L’employé ou le directeur qui habite et travaille en Espagne (un pays autre que celui de son employeur) peut générer, du point de vue fiscal et social, des obligations en Espagne pour l’employeur dans la mesure où il est tenu de s’inscrire en Espagne et de payer les retenues correspondantes de sécurité sociale et d’impôt sur le revenu des personnes physiques. Et, selon les fonctions de celui-ci, les conditions peuvent être remplies pour que le siège de la direction effective ou un établissement permanent (EP) de l’entité étrangère soit situé en Espagne.
Au niveau international, la résidence fiscale des entreprises est déterminée par l’endroit où se trouve leur siège social effectif. Par exemple, si le CEO ou l’administrateur d’une entité allemande s’installe pour vivre en Espagne et assume des fonctions de gestion et de direction dans ce territoire, on pourrait comprendre que l’entité allemande, bien qu’ayant été constituée en Allemagne et ayant son siège social dans le pays, elle a le siège de sa gestion effective en Espagne: Si cette circonstance est confirmée, l’entité concernée doit payer en Espagne l’impôt espagnol sur les sociétés pour l’ensemble de son revenu mondial.
Cependant, attirer la résidence fiscale d’une entité étrangère en Espagne – sur la base des critères de son siège de direction efficace – peut être un exercice complexe pour l’administration fiscale espagnole.
D’autre part, bien qu’il n’y ait pas de siège effectif en Espagne, la présence continue de certains employés ou directeurs de l’entité étrangère sur le territoire espagnol (parce qu’ils vivent et travaillent entièrement ou partiellement en Espagne) pourrait déterminer l’existence d’un EP sur le territoire espagnol.
L’EP est un concept fiscal et, en termes généraux, il est considéré qui’il existe un EP en Espagne lorsque la société étrangère a une « présence importante », comme on l’appelle techniquement, lorsque la société possède en Espagne (i) une installation fixe d’affaires à partir de laquelle tout ou partie de l’activité est exercée ou (ii) un agent dépendant.
Si l’existence de l’EP sur le territoire espagnol est confirmée, une partie de l’avantage global de l’organisation doit lui être attribuée et imposée en Espagne conformément aux règles de l’impôt sur le revenu des non-résidents. Mais quelle partie de l’avantage du groupe devrait être attribuée à l’EP espagnol ? Ceci devrait être examiné du point de vue des prix de transfert, puisqu’il est nécessaire de procéder à une analyse détaillée de la valeur que l’EP en Espagne contribue à l’avantage global du groupe.
Si l’on reprend les exemples du personnel employé par une société allemande qui, de l’Espagne, (i) favorise des activités de vente et de marketing, (ii) développe des logiciels pour un groupe informatique ou (iii) dirige une équipe de stratégie, on pourrait soutenir dans chaque cas que l’entité allemande dispose d’un établissement stable en Espagne, indépendamment du fait que le travail soit effectué depuis le domicile de l’employé ou un bureau sur le territoire espagnol.
On pourrait soutenir que, sur la base des clauses d’évasion, il n’y a pas d’EP en Espagne au motif que l’établissement fixe ne remplit que des fonctions accessoires pour le groupe ou que le salarié n’a pas le pouvoir de signer des contrats au nom de l’entreprise. Or, le lecteur doit savoir que l’administration fiscale et la jurisprudence espagnole, contrairement à d’autres pays, ont effectué une interprétation large du concept EP.
Les organisations choisissent souvent de créer une filiale ou une succursale en Espagne pour économiser sur les coûts structurels.